Les Joueurs de Titan

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Les Joueurs de Titan

Emmanuel Carrère est un grand admirateur de l'auteur américain de science fiction Philip K. Dick (auteur adapté au cinéma : Total Recall, Blade Runner, Minority Report...) Gagnée par l'enthousiasme de Carrère, je me suis donc lancée au hasard dans la lecture d'un roman : Les Joueurs de Titan (Collection J'ai lu), publié en 1978. Et j'ai été totalement décontenancée... Je ne suis pas une habituée du genre SF mais j'oscillais entre la simple surprise et le rire. Ce type est barjo (et l'un de ces textes s'intitule d'ailleurs Confessions d'un barjo) !
Voici de quelle manière Emmanuel Carrère évoque sa passion pour cet auteur dans Le Royaume :
J'ai lu Dick avec passion, adolescent, et, à la différence de la plupart des passions adolescentes , celle-ci ne s'est jamais émoussée. J'ai relu régulièrement, Ubik, Le Dieu venu du centaure, Substance mort, Glissement de temps sur Mars, Le Maître du Haut-château. Je tenais leur auteur - et le tient toujours - pour quelque chose comme le Dostoïevski de notre temps. Comme la plupart de ses fans, cependant, j'étais plutôt embarrassé par les livres de sa dernière période [...] Dick, pour le dire vite, a vers la fin de sa vie chaotique connu une sorte d'expérience mystique, dont il ne savait pas si c'était une vraie expérience mystique ou l'expression ultime de sa légendaire paranoïa.
Cette paranoïa est à l’œuvre dans Les Joueurs de Titan. Les humains y sont divisés en deux catégories, les Possédants et les non Possédants. La radiation Hinkel a rendu la plupart des hommes stériles et c'est par le biais d'un Jeu instauré par les Vugs (espèces d'ectoplasmes venus d'une autre planète) que les hommes peuvent en un coup de dés ou de bluff , gagner des propriétés ou perdre leur femme ! Le Jeu permet donc de créer différentes combinaisons de couples et augmente ainsi les chances de grossesses.
C'est un récit qui ressemble à vos cauchemars avec des retournements de situation constants et absurdes. Je tenterai la lecture d'un des titres cités par Carrère car cette découverte de l'univers de Dick est à approfondir... (Je ne comprends pas encore l'enthousiasme de Carrère).
Je vous cite un passage que j'ai apprécié ; il s'agit d'une expérience sensorielle étrange vécue par plusieurs personnages, victimes d'un Vug :
Joe Schilling se débattait dans le vide immense. Il roula , eut l'impression de tomber, se rattrapa, s'étouffa avec la fumée de son cigare, fit des efforts désespérés pour retrouver son souffle.
" Pete ! " cria-t-il.
Il écouta. Il n'existait plus de direction, ni de haut, ni de bas ; plus d'ici. Plus de sens de ce qui était lui et pas lui. Aucune séparation entre le moi et le non-moi. Le sile
nce.

Publié dans Romans

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