D'après une histoire vraie
Certains livres nous tendent un miroir : c'est une expérience consolatrice et réjouissante de se reconnaître ainsi dans le tissu des mots. Tu n'es donc pas seul(e) ! vous murmure le livre. Certains (ou certaines) se reconnaîtront peut-être dans ces mots de Delphine de Vigan évoquant les croyances d'une petite fille émotive et rougissante :
J'ai longtemps cru qu'émotif avait quelque chose à voir avec la quantité de vocabulaire qu'un individu possédait : j'étais une petite fille é-mot-ive, à laquelle il manquait des mots, ce qui expliquait , me semble-t-il, mon inaptitude à fêter mon anniversaire en collectivité . Ainsi m'apparut-il que pour vivre en société, il faillait s'armer de mots, ne pas hésiter à les multiplier, les diversifier, en saisir les plus infimes nuances. Le vocabulaire acquis de la sorte fabriquait peu à peu une cuirasse, épaisse et fibreuse, qui permettait d'évoluer dans le monde, alerte et confiant. Mais tant de mots me restaient inconnus.