Dames du XIIème siècle

J'apprécie particulièrement les ouvrages de l'historien médiéviste George Duby. Il tente de s'approcher au plus près de l'homme et de la femme du Moyen-Age, de nous les rendre moins étrangers . Voyager à travers le temps, les espaces, c'est le meilleur moyen de nous interroger sur ce que sont la femme et l'homme occidentaux aujourd'hui.
Vous avez certainement eu l'occasion d'éprouver ce sentiment étrange d'une résonance entre plusieurs livres, films à un moment précis de votre vie. Je ne sais pourquoi mais la question qui revient (comme une revenante) actuellement dans les livres que je lis, c'est celle de la place que l'on accorde à nos morts. Duby intitule justement l'un de ces chapitres des Dames du XIIème siècle, tome II ," Les morts dans la maison" . "En ce temps, les morts sont vivants, nul n'en doute. On ne sait pas bien où, mais ils vivent. [...] Les morts vivaient. Les servir ne consistaient pas à les faire revivre, mais à entretenir leur présence invisible au sein de la maisonnée." Cette tâche incombait aux femmes : "La vie sort de leurs entrailles et lorsque la vie s'éteint, elle se retourne vers elles comme vers la terre accueillante."
Il me semble que nos morts, aujourd'hui, sont absents de nos maisons. On nous enjoint d’ailleurs de vite " faire notre deuil". Mais ils n'ont pas quitté nos rêves, derniers espaces de résistance contre l'oubli. Le texte de Duby entre pour moi en résonance avec un film étrange "Ni le Ciel, ni la terre" de Clément Cogitore ; des soldats y disparaissent mystérieusement et leurs compagnons relatent un rêve étrange , dans lequel ces soldats disparus semblent endormis dans une grotte. Quel est cet espace de disparition, de mort , cette grotte accueillante?

Voici le lien vers la bande-annonce de ce film surprenant :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19555871&cfilm=231653.html