Les Nourritures, philosophie du corps politique

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Les Nourritures, philosophie du corps politique

Je me suis plongée dans cet essai de la philosophe Corinne Pelluchon, publié ce mois-ci : c'est un ouvrage parfois très conceptuel mais il comporte des passages lumineux et correspond bien à mes interrogations du moment. Je suis vraiment heureuse de lire une philosophe qui définit un "cogito gourmand" et considère la gourmandise comme "un art de vivre". Car les nourritures dont il est question dans ce livre désignent tout ce dont nous vivons : de soupe , d'air , de spectacles, de livres, de musique, de rencontres etc...
Pour Corinne Pelluchon, le monde est "un aliment et le fait de se nourrir témoigne d'un rapport originel aux choses qui est un rapport de jouissance, où je ne mange pas pour vivre mais où manger, c'est vivre." L'attachement aux nourritures est "un attachement au monde". "Ce dont j'ai besoin pour vivre me constitue en tant qu'il me permet de subsister , mais aussi et surtout en tant qu'il donne à mon existence de la valeur, ou plutôt un goût , une saveur."
L'auteur fait alors le constat aujourd'hui d'une "mutilation de l'acte de manger qui serait réduite à la satisfaction de la faim ou à tromper sa faim". "Cette perte du monde est aussi une perte du goût du monde et de la saveur que peut avoir l'existence dans chacun des gestes quotidiens que nous accomplissons ici et maintenant."
C'est un éloge de la gourmandise qui "peut caractériser notre manière d'être dans tous les domaines de la vie" à condition, bien entendu, que l'on ne soit pas réduit à la survie.

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